Par la grâce de mes pas aventureux, me voici parvenu en la fière province d’Ardèche, terre de montagnes rebelles et de vallons secrets où jadis les seigneurs et chevaliers trouvèrent refuge loin du tumulte des grandes cours. C’est en cette contrée sauvage et empreinte d’histoire que mon chemin me mena au "Plein Sud", tavernacle singulier où la chair fut délaissée au profit d’une cuisine végétale d’une exquise finesse.
Ô surprise ! Moi qui, coutumier des festins où viandes rôties et gibiers fumants tiennent banquet, me vis convié à un tout autre ballet des saveurs. Point ne manquai-je d’audace en goûtant ces mets où herbes folles, légumes d’apparat et épices venues d’Orient se mêlaient avec harmonie. L’on m’offrit une table digne des plus illustres esthètes, où chaque plat semblait être le fruit d’un art ancien, comme si la nature elle-même s’était faite dame de cuisine.
L’accueil fut à l’égal de la maison, chaleureux et courtois, tel un hôte honorant ses invités de marque. Les vins du pays, à la robe aussi profonde que les cieux ardéchois au crépuscule, vinrent parfaire ce moment d’émerveillement.
Par ma foi, il me sied de proclamer haut et fort en mon périple que "Plein Sud" est un sanctuaire du goût où l’on redécouvre, loin des fastes de la venaison, toute la richesse que Dame Nature nous dispense. J’en ferai conte et louange auprès des plus nobles assemblées, et conseille à tout voyageur de passage de s’y arrêter, car il n’est point de meilleure halte pour qui veut être surpris sans renier le plaisir des sens.